Cour d’honneur à l’honneur !

Merveilleuse Antigone !

Il fallait oser et bien sûr, Olivier Py, ne recule devant rien. Antigone de Sophocle jouée en japonais durant deux heures dans la Cour d’Honneur… l’accroche était particulière. Eh bien, c’est un pur moment de beauté, de pureté. Une rencontre prodigieuse entre les cultures occidentales et orientales. Une tragédie grecque comme narrée par des samouraïs vêtus de blanc.

Tout commence par un bref résumé joué en français par les acteurs aussi justes que drôles à cet instant.

Ah Antigone, ô Antigone

Puis, un moine flottant sur l’eau distribue en offrandes les rôles de chacun. L’histoire débute alors… les deux frères s’entretuent. L’un des deux restent soumis à la vermine. Elle ne peut s’y résoudre. Et la voici, elle, cette actrice merveilleuse dont le visage luit de sa détermination à défendre une cause qu’elle estime supérieure à la loi des hommes.

Elle se perche sur son rocher et nous entraîne avec elle dans sa perte. Elle, c’est Antigone. Le personnage de Sophocle, né bien avant Jésus-Christ et qui trouve dans la mise en scène de Satoshi Miyagi une vivacité inouïe.

J’avoue, j’ai pensé à Ariane Mnouchkine et ses moments de théâtre exceptionnels dont elle a le secret. Il est vrai, j’ai aimé ces gestes lents, cette mesure, cette maîtrise, cette élégance asiatique. Nul doute que des ombres portées ont déjà du parcourir les murs de la Cour d’Honneur de ce somptueux Palais des Papes mais l’ensemble est magistral. Jusque dans les rythmes et dans ce bol tibétain qui clôt la narration. Il y a du génie dans pareille expression théâtrale.

Merci Mesdames, Messieurs les conteurs. Vous nous avez offert un moment de grâce.

photo @Christophe Raynaud de Lage